un repas
Il est là assis, en face d’elle. Il s’attendait à entendre ça un jour ou l’autre. Il le cherchait bien, On pourrait même dire que c’est lui qui a mis ces mots dans ce sac en faux cuir. Cependant, il ne pensait pas qu’elle s’en servirait. Comment aurait-il pu ? Il se croyait intouchable. Donc ce soir là, il entendit cette phrase. Elle était assise en face de lui. A l’instant où elle prononça cette séquence de mot, il l’a vue toute floue. Les paroles propageaient par sa langue n’étaient plus audible, similaire aux ondes d’une radio mal réglée. Elle parlait une langue qu’il ne voulait pas comprendre. Il ne comprenait pas ce visage où il ne put apercevoir une expression amoureuse. Seulement tendre, amicale, comme un trophée du fair-play que l’on donne aux petits joueurs qui finisse dernier d’un tournois. Elle, innocemment, continuait de parler, mais il ne pouvait plus écouter, le son était étouffé par cette radio déréglée en temps de guerre. Les mots se fracassaient contre son crâne qui résonnait. Il aurait aimé le plier en dix, en mille, en dix milles, afin de ne plus être ébloui par cette absence d’amour, de ne plus être martyrisé par ces mots, ses mots. Il fermait les yeux, l’eau en profitait pour se faufiler à travers ses yeux, couler sur son visage puis tomber dans son verre. La jeune fille continuait d’expliquer mais l’eau coulait, le barrage s’était effondré, ça jaillissait à flot, bientôt le verre débordera. La fille se tut mais la radio déréglée ne désamplifiait pas, elle saturait même. Il voulait se redresser, il voulait partir. Mais ses pieds étaient cimentés. Il ne puit se relever, à jamais.
L’histoire dit qu’il resta jours et nuit à cette table, en pleurant sans discontinuité, dans l’attente qu’elle revint. Des fouilleurs auraient trouvé son squelette, entièrement déshydraté.