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ecume & effluve de l'imaginaire
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11 juillet 2007

casque bleu

Le bruit s’estompait, sous la poussière, la lumière réapparaissait.

Allongé sur un sable froid et humide, je n’entendait plus le silence des bombes, je ne voyais plus les éclats de bombes explosant de toutes parts. C’était fini.

Je me relevais et vu mes compagnons de bastion. Certain avait le sourire, et riait. On allait rentrer chez nous, la guerre était finie. D’autres, le visage fermé, rangeaient leurs affaires.

Quant à moi, après un faible sourire, je me souvenais.

On m’avait positionné derrière un talus, pourquoi celui la, je n’en sais rien, pourquoi je suis là, n’en sais pas plus. Sans doute pour sauver le monde, j’ai un casque bleu.

Toujours est-il que derrière ce talus, je n’avais qu’une mission. Garder un périmètre de sécurité. Celui du pic, endroit clef.

A travers la lunette de ma mitrailleuse, je voyais correctement les visages ‘ennemis’. Mon périmètre n’étant pas en danger, je m’ennuyais et les observais un à un. Non pour leur tirer dessus. Non, juste pour admirer la passion sur leur visage, leur rage pour leur nation, leur liberté.

On m’observait aussi. Un Commandant américain venait me rappeler que cette pratique était interdite et risquerait d’être violement réprimée si je continuais.

Je suivais l’ordre. Pour l’heure, je n’avais donc rien à faire. Juste à entendre le grondement des obus qui perçait mes oreilles, juste à voir les éclats de missiles qui piquaient mes yeux par leur noire brillance. Pour m’évader, je me souvenais, le dernier jour avant le départ…

J’avais passé la journée avec mon amour, j’avais fait la fête avec mes amis, je fêtais mon départ pour la croisade, j’allais sauver le monde entier. Ma famille, mes potes « Combat toi avec force »… Ma chérie « Je suis ton ange, je te protége »…

Quand cette pensée arrivait, un soldat ennemi franchissait le périmètre. Il n’avait pas d’arme. Il n’était pas dangereux, je ne tirais pas. Je l’observais dans la lunette. Dans le casque, me liant au chef de secteur, un seul mot résonnait « SHOOT ! SHOOT THIS SON OF BITCH ! SHOOT ! » « TIRE PUTAIN ! Il va nous butter, regarde ses poches pleines de grenade, SHHOOOOOT LE BORDEL. »  Je dézoomais et voyais ses poches, effectivement pleine de grenade. Je remontais sur son visage, il y avait la hargne, il y avait la peur, le frisson, l’énergie du désespoir, il avais la dernière chance de sa nation dans ses poches.

Il ne me voyais pas, et n’avais presque rien pour me repérer et m’abattre, juste quelques grenades et ses yeux pour combattre l’ONU. Moi, je le voyais au travers de ma lunette. Un simple tir allait anéantir ses espoirs. Une simple pression de mon doigt nous donnerait la victoire, mais encore une victime !? Je n’appuyais pas et toujours « SHOOT SHOOT ». Je m’allongeais sur le sable, pris la position du tireur. Mon œil calait dans l’objectif. J’allais le descendre, suivre l’ordre. Je serrai mes mains sur le fusil. « SHHOOOOOT »Avec le froid, je sentais le moindre centimètre « SHHHHOOT » carré de ma peau. Je sentais celle-ci se tendre, je « SHHOOOT »crispais mon index droit, « SHOOOOOT » j’avais dans ma lunette, le soldat « SHOOOOOT » Son visage se tournais vers « SHHHHHHHHO » moi. Il me voyait « SHOOT » sa main »SHHHHOT » droite piocher dans « SHOOOO » sa poche armée. Il dégo »SHHHOOOT »upillait la grenade « YEAAAAH ! Putain mec, tu nous as fait peur. » Je continuais de l’observer, le visage explosé contre un sable immaculé de sang, sa tête ne se redressera pas. Il ne verra pas sa nation triompher. C’était la liberté d’une nation ou moi. Ce sera moi, je suis désolé.

Soudain une rage m’emportait vers le corps abattu. Je le frappais. Je venais de descendre un type qui se battait pour sa liberté, cela m’emprisonné. Il fallait qu’il paie. Je le tabassais. Je tabassais ce corps qui ne répondait plus à rien. Je le frappais avec mes poings, avec mes pieds, mes coudes, je lui donnais tous ce que je pouvais. Je finissais par chialer sur sa viande encore fraîche.

Je redressai la tête – certains étaient dans le même état que moi, d’autres, avaient un gros sourire de smiley, :-D, on allait rentrer à la maison.

Tout le voyage se passa avec le vacarme des missiles dans le crâne – aucun mot prononcé ou entendu.

Je descendais sur le tarmac. Ma copine, ma famille, mes amis me parlaient. Leurs bavardages me rappelaient le grondement des missiles. Au bout d’une heur de trajet, où ils me questionnaient sans cesse – Comment c’était – T’as vu du pays. -  Allez raconte. Je déniais leur répondre « C’était bien, J’ai buté un type, son sang baignait sur le sable où il devait passer ses vacances. Maintenant, j’ai sommeil. Terminé »

Arrivé à la maison, j’allais directement à ma chambre, sans même attendre ma copine. Je m’allongeais. J’entendais l’explosion des missiles quand au milieu de ceci, j’entendais cogner à ma porte. Ma copine entrait et tentait de me caresser. Je la repoussais, les boules de feu ont éteint toutes flammes qui demeuraient en moi. Elle vient me voir alors que je suis hors combat, où était elle quand j’ai buté ce type ; si c’est mon ange, pourquoi n’a-t-elle pas désarmée le rebel. Maintenant avec sa douce voix, elle vient me voir.

«

-         Qu’est-ce t’as mon héros ?

-         Héros ? T’as pas dû entendre ce que j’ai dit dans la voiture.

-         T’es un héros pour moi.

-         Un héros… un salop tu veux dire

Après un long silence où des tas de questions se heurtaient à mon crâne. Elle se collait à moi. Ce faux anges se collait à moi pour me réconforter, je ne lui pardonnerai pas. Puis, je suis détruit, j’avais décidé de sombrer seul.

Je l'ai repoussée. « De toute façon, je ne suis pas en manque de sexe alors arrête, j’ai niqué toute les jeunes recrues, les moins jeunes aussi. Maintenant, merci de me laisser »

Elle partait en pleurant, me croyant, sans même voir ma perdition. Je prenais un souvenir de l’expédition, trouvé dans la poche du rebel, elle allait être heureuse sans moi, qu’on en finisse.

Un dernier bruit sourd.

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Commentaires
S
Ce texte m'est venu un soir. Je rentrais d'un pub, à moitié bourré. Dans ce pub, il y avait un gars. Il était bourré,comme moi dans cet état, il racontait ce qu'il avait sur son coeur : "Il y a trois ans, j'ai buté un type". Sa voix tremblait. Tous mes potes me disaient, laisse le, il est perché... Mon gars, c'était en mars 2007 au redlion. Si tu lis ses lignes, elles sont pour toi.<br /> <br /> Son histoire m'avait rappelé un TVfilm, "The Warriors". Je vous conseille de le voir, il est atroce. D'ailleur, le passage "T'es un heros - non un salop" est tiré de ce film.
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