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ecume & effluve de l'imaginaire
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11 mars 2007

monde ailleurs

Nous étions tous les deux assis sur ces deux chaises qui ne demandaient rien à personne. A moitié défoncés, on refaisait le monde. Il me parlait des terres à l'autre bout du globe. Je lui racontais la misère en bas de la rue. Il me disait les prairies vertes, je lui montrais les mûrs gris remplis de tag. Il me dessinait des pauvres paysannes qui lui courraient après, je lui décrivais ma princesse qui ne voulait plus de moi.

Non, on ne savait pas où vivre. Pas ici, ni là-bas. On a commencé à s'envoyer des shisha, des bières, du rhum, des joins. Un monde ailleurs, voilà où nous devions vivre. Ailleurs, plus haut que ça.

Lorsque nous expirions l’air d’Oran, nous ne nous voyons plus. Perdus dans la brume orientale, au sommet du Kilimandjaro, notre cerveau s'élevait. Nous commencions, pas à atterrir, mais « avvidir » dans ce monde ailleurs. On pouvait commencer à faire des choses concrètes

C'est pour cette raison, qu'une fois la shisha finie, il nous fallait réanimer le narguilé.

Mais voilà, on s'est trop dépêché, puis on en était à la dixième au moins. Je ne pouvais compter que sur mes doigts, plus la force de réfléchir, et encore, pas assez pour ne pas en oublier. Bref, nous allumions donc notre jnesaipacombientième charbon d’Oran. Je ne sais pas à qui la faute. Lui qui aurait mis le feu trop tôt, moi qui aurait trop aspiré. Le vent qui se serait engouffré sous la fenêtre. Non, je ne sais pas. Peut-être le fabricant de chaises, chinois, qui n'aurait pas respecté la norme européenne. Ou alors, le persien, vendeur de tapis. Non, je ne sais vraiment pas.

Toujours est il qu'on a commencé à voir de la fumée s'élever de la moquette. Ca nous à bien fait rire, le sol fumait avec nous, la Terre nous comprenait. Puis des flammes ont apparu. On n'a pas réagi, c'était cool cette chaleur, puis ça changeait, j'avais froid. Toute cette fumée, l'Olympe venait à nous. Non, cet ailleurs que nous cherchions venait à nous, on était sauvé, on allait pouvoir commencer à vivre. Il n'y avait plus qu'à attendre. On a laissé notre lieu s'embraser. Nous restions au milieu du brouillard, l'effluve du sol montait à nos narines, à moins que ce fût de l'écume. Bref, nous ne pouvions rien faire, si ce n'est apprécier

On a du être brûlé au 3ème, ou 25ème degré. On s'en est sorti. Mais nous sommes triste, notre monde ailleurs est parti en fumée en nous laissant sur le bas côté, au milieu de ces gens qui s'inquiétaient pour nous, sans même voir que l'on vivait alors que là, on survit.

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Commentaires
M
j'aime toujours vos ecrit j'ai senti les effluves partager les visions merci
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